Faire perdurer et pérenniser l’agilité organisationnelle – Parole à Caroline MATTELIN

20 juillet 2020

Faire perdurer et pérenniser l’agilité organisationnelle

En quoi les expériences Covid ont- elles permis de faire émerger des modalités organisationnelles à la fois plus sobres, plus coopératives et plus participatives (moins hiérarchique, plus fluides, plus efficientes) ?

Le brusque coût d’arrêt porté à l’activité économique a nécessité la mise en place d’un plan de gestion de crise et d’un mode de fonctionnement inhabituel dans les entreprises qui ont dû s’adapter rapidement. Il semble que cette crise sanitaire ait été un déclencheur de transformations organisationnelles, numériques et managériales (notamment vers des entreprises libérées, plus agiles et responsabilisantes) mais aussi en termes d’organisation du travail (généralisation du télétravail). Ces transformations rapides et imprévues soulèvent néanmoins quelques questionnements. Ces nouveaux modes d’organisation et de management vont-ils être pérennisés sur le long terme lorsqu’ils ont été adoptés « en bloc » avec peu ou pas de réflexion préalable et de préparation ? Les salariés vont-ils accepter durablement ce qu’ils ont été prêts à assumer dans ce contexte de crise totalement inédit ? Ainsi, si la crise s’est révélée être un déclencheur de la transformation des entreprises, nous pouvons anticiper la résurgence de problématiques liées au changement organisationnel à postériori qui doivent être anticipées dès maintenant. 

 

En quoi les prises de décision/arbitrage ont-ils permis d’être plus au rendez-vous de la qualité du service rendu et notamment dans sa dimension relationnelle ? 

Si la crise sanitaire a conduit les entreprises à assurer leur survie à court terme (trésorerie…), parfois avec des activités totalement mises à l’arrêt, les entreprises ont également été amenées à repenser leurs orientations à moyen/ long terme, après la crise. Ainsi, outre la recherche de performance économique, cette crise a replacé la performance sociale et sociétale au centre de leurs préoccupations. Par exemple, lorsque Décathlon fait don de ses masques pour les respirateurs, l’entreprise acquière une légitimité auprès de ses parties prenantes, notamment de ses clients mais aussi de la société au sens large. Cette légitimité acquise en période de crise, en raison du service rendu à la communauté, pourrait se révéler être un atout en période de sortie de crise face à des entreprises qui n’ont pas su participer à l’effort collectif. La crise sanitaire serait ainsi en mesure institutionnaliser définitivement les stratégies RSE (responsabilité sociétale de l’entreprise), voire les prolonger en intégrant davantage les problématiques sociétales.

Par Caroline MATTELIN, Docteur en Sciences de gestion – ATER à l’IAE Savoie Mont Blanc, chercheur à l’IREGE

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