Face à l’incertitude, un management plus délégatif 

24 novembre 2020

Thierry Nadisic, Professeur à emlyon business school, est l’auteur des livres « Le management juste » publié chez UGA en 2018 et « S’épanouir en période de crise » à paraître en janvier 2021 chez Eyrolles.

 

Dans notre monde où l’incertitude est devenue la nouvelle normalité, la source de la performance se transforme. Il ne s’agit plus d’obtenir une obéissance des salariés à des procédures et à des ordres, ce qui est bien adapté dans des univers stables, mais de l’engagement. Quel style de management est apte à le favoriser ?

 

L’environnement des entreprises est aujourd’hui dit VICA : volatile, incertain, complexe et ambigu. Les marchés sont de plus en plus mondialisés. De nouveaux concurrents aux business models disruptifs et des clients sans cesse plus exigeants et volages sont des sources de perturbations. La digitalisation entraîne une nouvelle révolution industrielle rendant les économies d’échelle possibles aussi dans les services : quand un nouvel entrant anime une formation à distance au lieu de le faire en salle, il peut passer de trente participants à trois cent en maintenant ses coûts fixes. Dans ces nouvelles situations d’incertitude, la performance de l’entreprise nécessite des prises d’initiative sur le terrain et une coopération horizontale centrée sur l’innovation, ce qui est rendu possible par l’engagement.

 

Or l’entreprise peut avoir tendance à se protéger de l’incertitude en rigidifiant un business model dépassé. Elle renforce alors l’obéissance à des procédures traditionnelles et à une hiérarchie centralisée dans l’espoir de contrôler un environnement mouvant. C’est ainsi que Kodak a disparu en quelques dizaines de mois seulement du marché de la photographie. Une autre voie consiste à réaliser une vision stratégique en phase avec les transformations de l’environnement en développant l’engagement par le pouvoir d’agir (aussi désigné par le terme d’empowerment). Celui-ci consiste à créer pour un nombre toujours plus grand de collaborateurs une zone de délégation dans laquelle chacun a une grande liberté de décision et d’action. Il est responsable de ses objectifs et obtient les moyens nécessaires à la réalisation de sa mission.

 

Ce « management délégatif » amène le manager à prendre un nouveau rôle d’accompagnateur. D’abord il construit la confiance par une relation plus horizontale et accorde un droit à l’erreur, ce qui lève les freins à la responsabilisation. Ensuite il partage clairement la vision, ce qui donne un cadre commun aux multiples initiatives qui émergent. Enfin il apprend à développer l’optimisme des équipes, ce qui incite chacun à prendre plus de risques au service de l’innovation.

 

Lorsque les personnes sur le terrain sont ainsi amenées à s’engager plus, à prendre des initiatives, à coopérer et à innover, l’entreprise fait mieux face aux incertitudes. Une autre conséquence du management « délégatif » favorisant le pouvoir d’agir est qu’il est en général vécu par les salariés comme étant plus juste et plus épanouissant.

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